Ah ! Ne hurle pas, lecteur de mon coeur, ne dis pas à ta mère de sauter sur sa bombe anti-poux !

Non ! Regarde-moi. J'ai une bonne tête, tu ne trouves pas ? Et encore, je suis beaucoup plus petit en vrai que sur ce dessin : trois millimètres à peine et là, toute la page ! Drôle de différence.

J'ai comme un doux sourire au coin de la bouche et peux même te faire coucou du bout d'une de mes pattes.

Je me présente : Pou'ah, pou des villes de mon état, pou de tête, si tu préfères, "pediculus humanus capitis", pour être clair.

Les poux font peur à tout le monde. Pourtant, nous sommes aussi gentils que petits.

Tiens ! Par exemple, nous ne tuons pas les gens comme les serpents et ne piquons pas douloureusement comme les moustiques ! Nous ne faisons que chatouiller, rien de bien méchant !

Nous ne pouvons donner aux gens un coup de pied comme un grand cheval ou laisser un gros bouton qui démange comme un minuscule aoûtat. Nous ne faisons que grattouiller, rien de bien dangereux !

Mais, les gens nous détestent. À cause d'eux, nous finirons par ne plus exister. On n'a pas le droit de supprimer une espèce animale de la surface de la terre, tu n'es pas d'accord ?

Nous sommes indispensables au même titre qu'une hirondelle, un éléphant... ou un homme ! Tous les êtres vivants ont un rôle à jouer dans la grande chaîne de la nature. Pitié ! Lecteur de mon coeur, protège-nous !

Jadis, quand les enfants avaient des poux, on leur rasait le crâne au lieu de nous prier poliment de déménager.

C'est de là qu'est venue la honte.

Ce n'est pas drôle de se promener crâne rasé, surtout en plein hiver, mais l'été, c'est pratique, on peut se coiffer avec une éponge !

Toujours est-il que le rasage de crâne était présenté comme une punition et les enfants punis et honteux de cette époque, sont devenus des parents puis des grand-parents. Eh oui ! Ce sont tes grand-parents, mon jeune ami.

La honte a persisté, enflé, envahi le monde. Cela nous a donné très mauvaise réputation.