Nathalie secoue ses longs cheveux blonds et
dévale l'escalier quatre à quatre en chantonnant :
- Ce sont
les vacances, ce sont les vacances, plus de devoirs, plus de leçons !
À douze
ans et demi, l'adolescente a bouclé sa cinquième avec les félicitations des
professeurs. La fin de l'année scolaire est bienvenue, elle va pouvoir
consacrer ses journées entières à Son Jo, son jeune cheval.
Nathalie
traverse la rue d'Amiens en courant. En juillet, la circulation est moins intense
sur cet itinéraire de délestage, qu'empruntent les automobilistes pour gagner
Paris par l'intérieur de Pierrefitte.
Elle ouvre le portillon de l'enclos et caresse au
passage Chouquette, la double ponette qui tient compagnie à Son Jo depuis
quelques jours.
- Salut ma toute belle, dit-elle, en lui frottant
le nez. Oui, oui ! Tu es mignonne,... Ne sois pas jaloux, cheval de mon
cour. Tu peux hennir et taper du pied. Bientôt, Chouquette aura un box comme
toi, et je recommencerai à t'embrasser le premier.
Nathalie entrouvre la porte de l'écurie :
- Cesse un peu de faire le fou, Son Jo ! Tu
vas écraser Nestor. Tu étais bien content d'avoir un copain lapin dans ton box
lorsque Chouquette n'était pas là ! Il ne faut jamais oublier les amis de
la première heure. Ce sont les plus fidèles.
Nathalie met son licol à Son Jo et le sort du box.
Elle l'attache à un anneau, recule de quelques pas :
- Grand cochon, tu t'es encore roulé dans le
crottin ! On ne peut pas te faire confiance. Je vais devoir te brosser
combien de temps pour que tu redeviennes alezan brûlé et non plus couleur
fumier ?
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