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Une ponette aux Pruniers

 

- extrait -

 

 Paru chez Ivoire-Clair-Jeunesse en mai 2007
 

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    Nathalie secoue ses longs cheveux blonds et dévale l'escalier quatre à quatre en chantonnant :

    - Ce sont les vacances, ce sont les vacances, plus de devoirs, plus de leçons !

    À douze ans et demi, l'adolescente a bouclé sa cinquième avec les félicitations des professeurs. La fin de l'année scolaire est bienvenue, elle va pouvoir consacrer ses journées entières à Son Jo, son jeune cheval.

     Nathalie traverse la rue d'Amiens en courant. En juillet, la circulation est moins intense sur cet itinéraire de délestage, qu'empruntent les automobilistes pour gagner Paris par l'intérieur de Pierrefitte.

    Elle ouvre le portillon de l'enclos et caresse au passage Chouquette, la double ponette qui tient compagnie à Son Jo depuis quelques jours.

    - Salut ma toute belle, dit-elle, en lui frottant le nez. Oui, oui ! Tu es mignonne,... Ne sois pas jaloux, cheval de mon cour. Tu peux hennir et taper du pied. Bientôt, Chouquette aura un box comme toi, et je recommencerai à t'embrasser le premier.

    Nathalie entrouvre la porte de l'écurie :

    - Cesse un peu de faire le fou, Son Jo ! Tu vas écraser Nestor. Tu étais bien content d'avoir un copain lapin dans ton box lorsque Chouquette n'était pas là ! Il ne faut jamais oublier les amis de la première heure. Ce sont les plus fidèles.

   Nathalie met son licol à Son Jo et le sort du box. Elle l'attache à un anneau, recule de quelques pas :

    - Grand cochon, tu t'es encore roulé dans le crottin ! On ne peut pas te faire confiance. Je vais devoir te brosser combien de temps pour que tu redeviennes alezan brûlé et non plus couleur fumier ?

 

 

 

  Le portillon claque. Deux garçons s'avancent dans l'enclos.

    - Bonjour vous deux ! dit Nathalie. C'est ce matin que Louis vous met en selle, n'est-ce pas ?

    - Oui, répond Xavier, le plus jeune des arrivants. On est content, mais pas trop rassuré.

     Du haut de ses dix ans, (un an de plus que son copain, ça compte !) Thierry hausse les épaules d'un air blasé :

    - Il n'y a pas de quoi en faire un drame. Chouquette est moins haute que Son Jo. Un poney, ce n'est pas comme un cheval.

    - Un poney, c'est du concentré de cheval mon bonhomme ! intervient Louis Collet en extirpant son grand corps de la sellerie voisine.

    La voix est rude, le visage sévère. Colonel du Cadre Noir de Saumur à la retraite, le cavalier cache pourtant un coeur d'or sous ses airs bourrus. Ne vient-il pas d'acheter Chouquette pour l'offrir aux enfants des Pruniers ? Cet investissement il l'a réalisé pour remercier les habitants de la cité d'avoir prêté leurs jardins familiaux et aménagé une écurie à l'intention de Son Jo, le cheval que Nathalie a gagné dans un concours, quinze mois auparavant.

    - Nous ne savions pas que vous étiez déjà arrivé, M'sieu Collet.

    - Il faut tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de dire des sottises, les enfants. Au travail ! Mettez à profit ce que Nathalie vous a enseigné depuis que vous tournez dans ses jambes. Vous pansez la ponette, vous la bridez et la sellez. Et ça, ce sont de vieilles bombes qui devraient vous aller. Ouste !

 Mireille Mirej, 1999.

 

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