C'est à cause de l'autoroute
qu'elle a quitté Hauzans ; c'est à cause de l'autoroute qu'Hauzans et
toutes choses se meurent.
Etreignant le garde-corps de la passerelle, Damian contemple
le long ruban d'asphalte, qui gît à ses pieds, noir bleuté, segmenté de blanc
pointillé à l'infini de son regard.
Ces quatre voies chargées de vacarme, d'étrangers,
d'abandon et de mort lui ont volé Léa, sa liberté, son bonheur, son honneur.
Bien qu'il ait payé pour sa faute, regretté son
geste, pleuré sa perte, Damian sait que la vraie coupable reste cette route
maudite qui désertifie les campagnes, coupe et tranche dans les familles,
assassine des innocents. Après l'enfer et la prison, la haine s'est éteinte,
demeure la rancune.
|