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Un papillon beaucoup trop blanc

 

- extrait -

 

 

 

 

 

 

Il était une fois une chenille qui était née sur la Place du Tertre à Paris.

Oui, oui ! À Paris aussi il y a des arbres, des plantes et des papillons qui volettent d'un jardin secret à l'autre.

Les parents de Chenille avaient pondu leurs oeufs sur un arbre de la Place du Tertre, et Chenille avait ouvert les yeux dans cet endroit qui ne s'endort presque jamais.

La Place du Tertre est le coeur de Montmartre, un coeur qui bat nuit et jour avec beaucoup d'artistes et de touristes.

Les peintres jouent du pinceau, les musiciens jouent de leurs instrument et les promeneurs jouent des coudes pour tout voir. Mais, sur la Place du Tertre, il n'y a pas que des touristes et des artistes ; on y trouve aussi des enfants qui vont à l'école, des adultes qui travaillent dans les boutiques ou les restaurants, et même des gens qui habitent là, tout simplement.

Chenille s'était promenée tout l'été d'un arbre à l'autre, d'une fleur à l'autre et elle avait regardé les tableaux des artistes. Déjà, elle avait ses préférés.

À l'automne, sentant venir l'époque de la métamorphose, celle de son corps et celle du temps, elle avait trouvé un endroit confortable pour s'installer, juste au-dessus de ses artistes préférés, dans le balcon de Madame Neige, la blanchisseuse.

Entre un rosier miniature et un cyprès minuscule, elle s'était pelotonnée. Chenille s'était fabriqué un cocon très solide pour se protéger du bruit et de la lumière durant son long sommeil de chrysalide.

 

 

Chenille dormit tout l'hiver. Elle rêva de sa forme de papillon, de ses couleurs d'arc-en-ciel.

Elle ne voyait rien, n'entendait rien, son cocon était parfait pour ça. Mais ce que Chenille ne savait pas, c'est que Mme Neige secouait par sa fenêtre le linge qu'elle détachait avec des produits très puissants et que, tous les jours, des gouttes de produit tombaient sur le cocon et le transperçaient.

Quand le printemps arriva, le cocon se fendilla, et Chenille extirpa son corps transformé, déplia ses ailes froissées.

Elle poussa un cri d'horreur. Point d'arc-en-ciel en ses couleurs. Ses ailes de papillon étaient blanches, blanches et blanches.

Les ailes séchèrent sans se teinter ; elles durcirent et furent capables de l'emporter.

Papillon blanc s'envola autour de la Place du Tertre et dansa dans les tourbillons d'air tiède avec ses frères et soeurs, papillons bigarrés.

Tous le regardaient, eux si colorés, lui blanc comme un papier abandonné.

Déjà, les papillons rencontraient des papillonnes et s'enlevaient dans les airs en chatoyant de rouges, violets, jaunes, orangés.

Personne ne voulait épouser Papillon Blanc qui frôlait les autres de ses ailes dans l'espoir de voler leurs couleurs.

 mMireille Mirej, 1999.

Juste quelques photos pour vous aider à patienter.

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