- Laurent, dépêche-toi !

Maman tape du pied. Elle est très énervée :

- Finis ton petit déjeuner, vite ! Je t'attends. N'oublie pas que je te dépose à l'école avant de filer au travail. Laurent, tu es trop lent !

Je manque m'étrangler et renverse le reste de mon chocolat sur la table.

Il ne faut pas qu'on me presse. Je suis trop lent, c'est sûr mais si on me gronde, c'est encore pire. Je deviens maladroit.

A l'école, c'est pareil. Dès que la maîtresse rouspète, mon stylo plume raccroche le papier et fait une tâche sur l'exercice. Juste ou non, la maîtresse ne pourra me lire et j'aurai encore une mauvaise note.

- Laurent, dépêche-toi.

- Laurent, on t'attend.

- Laurent tu es trop lent !

C'est comme une chanson qui tourne dans ma tête. Une ritournelle, un vilain couplet. Cela grince plus fort encore que le volet de ma chambre la nuit par grand vent. Souvent, je pleure.

N'est-ce pas terrible d'être trop lent

pour vivre normalement ?

Pourquoi les autres sont-ils toujours pressés ?

J'aimerais disparaître de la surface de la terre et me lover dans un petit coin où on ne me demanderait plus rien.