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Mères canes

 

- extrait -

 

Edité dans une version revue et corrigée in "Miroir" recueil de nouvelles de l'association Lélia, en novembre 2013

  

 

 

 

 

Dans l'enclos des canards désert, une cane colvert sauvage a fait son nid. Brune comme la terre, elle couve depuis une semaine, sans que personne ne l'ait vue. De temps en temps, son mâle au cou vert foncé brillant, vient lui rendre visite. Elle repousse quelques plumes sur ses oeufs et le suit sur l'étang pour une courte récréation.

A l'autre bout du jardin, Princesse, la Barbarie noire et blanche, oblige ses canetons nouveaux-nés à rester encore un peu sous son ventre. Juste sortis de l'oeuf, ils ne sont pas encore secs, mais elle a du mal à retenir les premiers nés qui sont pressés de partir à la découverte du monde.

Princesse a couvé pendant 35 jours, toute seule, parce que les mâles Barbarie ne sont pas du tout concernés par leur future famille. Elle est maigre d'avoir arraché toutes les plumes de son ventre pour garnir son nid et faire profiter ses oeufs de la chaleur de son corps. Elle est maigre, aussi, d'avoir si peu mangé pendant plus d'un mois, afin que ses petits ne prennent pas froid pendant de trop longues absences. Elle est fatiguée d'avoir tant attendu et tant redouté qu'on vienne l'attaquer pour dévorer ses oeufs.

 

 

 

Maintenant que tous ses oeufs ont éclos, elle a dû ouvrir ses ailes au carré pour contenir les canetons sous elle en sèchant leur duvet trempé.

A l'heure la plus chaude de la journée, complètement épuisée, elle se lève. Bec ouvert, elle appelle doucement les canetons et avance vers l'étang. Un, deux, quatre, huit, onze, dix-sept boules noires et jaunes la suivent en trottinant.

Mais les humains, maîtres du jardin, ont surveillé l'éclosion. Pour que les petits de Princesse ne soient pas attaqués par les corneilles, ils poussent la cane et sa couvée vers l'enclos protégé. Princesse se laisse faire. Elle n'a jamais eu à se plaindre des humains.

 mMireille Mirej, 2003

Paru dans une version revue et corrigée, dans le recueil collectif, Miroir,
de l'association Lélia, en novembre 2013, ouvrage que vous pouvez vous procurer sur
www.lepreduplain.com
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