Lapin des Bois était un lapin pas comme les autres : il n'aimait ni le trèfle, ni le thym, ni le serpolet. Par contre, depuis qu'il avait rencontré les écureuils qui habitaient son coin de forêt, il adorait les noisettes et les feuilles goûteuses des noisetiers.

Pendant l'automne, c'était facile. Les noisettes tombaient par terre toutes seules. Il suffisait de les ramasser et de les croquer. Cela faisait bien un peu mal aux dents, parce que les dents de lapin ne sont pas comme celles des écureuils. Mais, quel délice ! Lapin des Bois en avait dégusté des centaines.

L'hiver approchait. Il n'y avait plus une seule noisette au sol. Lapin des Bois se promenait tristement à la recherche d'une gourmandise.

Tout à coup, il se retrouva devant un jeune noisetier dont les feuilles étaient encore vertes.

- Incroyable ! pensa-t-il, ce sont bien les dernières feuilles de noisetier de tout le bois. Pourquoi ne sont-elles pas tombées comme les autres ? Pour me faire plaisir, certainement !

Le problème, c'est que ce noisetier, malgré son jeune âge, était déjà trop grand pour Lapin des Bois. Il avait beau sauter, en tendant vers le haut les oreilles, les pattes avant ou même les dents, il n'atteignait pas le niveau de la première branche.

- Je vais me fabriquer un tremplin, dit-il.

Ce fut très facile d'apporter sous l'arbuste une belle bûche bien ronde et une sorte de planche qu'il posa en travers.

Il recula, prit son élan et sauta d'un grand bond sur le tremplin. Hélas ! Il avait mal calculé son coup et la planche s'éleva à sa place et lui retomba ensuite sur le crâne.

Lapin des Bois avait une énorme bosse entre les deux oreilles et un affreux mal de tête ! Il s'éloigna du noisetier en pleurant à moitié.