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Comme un cheval fougueux

 

- extrait -

 

 

 

 

 

 

    Quand je me suis garée devant la barrière de l'écurie, j'ai vu une silhouette s'écarter brusquement de la clôture d'Urlendin et se faufiler à travers les arbustes du sous-bois. C'était une fille ; je l'ai su à la crinière blonde, bouclée, qui a étincelé quelques secondes dans les rayons du soleil couchant avant de se fondre dans l'obscurité.

    Cette fuite à mon approche m'a contrariée. Depuis que les problèmes de vache folle ont secoué le monde, beaucoup de carnivores suspicieux se jettent sur la viande de cheval. Certains se fournissent carrément sur la bête, quand ils la trouvent broutant paisiblement dans un pré isolé. C'est arrivé à l'ancienne propriétaire d'Urlendin. On lui a débité une pouliche sur place, sur la colline d'en face, à cinq cents mètres à vol d'oiseau. Ça donne le frisson.

    Il y a une quinzaine de jours, nous avons relevé les traces d'une tentative de vol, ici même. Nos boxes ne sont pas perdus en pleine campagne, mais en haut de la ville, à la limite de la forêt. Tout le monde sait que les chevaux sont seuls pendant la nuit.

    J'ai poussé la barrière hérissée de barbelés, avancé la voiture au plus près de l'écurie et ouvert le coffre pour que Laïka, ma bergère allemande, en descende. Tierce et Hamsine, les deux juments alezanes, avaient accompagné la voiture au grand galop, comme chaque soir. Dans l'enclos du fond, Alligator m'a saluée d'un hennissement guilleret. Mais, de l'autre côté, Urlendin n'a pas bronché. Le nez tendu vers le grillage, il semblait guetter le retour de celle que j'avais dérangée.

 

 

 

     Je suis entrée dans l'enclos vide qui précède le sien pour ouvrir la porte de séparation. D'habitude, il se précipite vers l'autre corral, en me menaçant d'un coup de dent au passage, afin de me signifier qu'il n'est pas content d'avoir attendu ce moment tout le jour. Ce soir, rien ! Il a fallu que je l'appelle pour qu'il daigne enfin venir se rouler sur le sol sec du premier corral, sans même m'octroyer un regard.

    Tandis qu'il se contorsionnait, les quatre pieds en l'air, afin que chaque centimètre de son grand corps reçoive la morsure du sable, je suis allée inspecter la clôture. Notre visiteuse n'avait apparemment rien tenté d'autre qu'une distribution d'herbe fraîche puisque j'en trouvai quelques brins au sol et dans les mailles du grillage.

    « Il faudrait vraiment que je me décide à installer une clôture électrique autour de son paddock, ai-je pensé, s'il lui prenait un jour l'envie de pousser sur le grillage, il profiterait vite de sa liberté. Qui sait alors si on le retrouverait. »

 mMireille Mirej, 2002, inachevé.

Juste quelques photos pour vous aider à patienter.

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