Dans une vague mousseuse d'écume blanche, la mer déposa un crabe sur la plage. De la taille d'une main d'enfant, il avait de très jolies couleurs. Son ventre, ses pattes et ses pinces étaient verts, marbrés de brun, et son dos, rose foncé.

Les autres crabes sont généralement couleur sable et pierre. Tous les becs pointus, mouettes et goélands, s'approchèrent pour voir ce phénomène. Il s'ensuivit une grosse dispute qui permit au crabe de s'enfouir dans le sable.

- Ouf ! dit-il. Je l'ai échappé belle.

Mais des dizaines d'oiseaux carnivores le cherchaient en se querellant dans un énorme vacarme.

- Je vais mourir ! Vaguelettes, je vous en prie, venez me chercher.

Aussitôt, une vague l'entoura de mille doigts d'eau et l'emporta vers le large.

- Je fais de la magie, dit le crabe enchanté. Merci chère vague de m'avoir sauvé la vie.

- Y a pas de quoi, répondit-elle. Tu demandes, tu es servi ! Tu ne veux pas être le repas des oiseaux, je te ramène en mer. D'autres se chargeront de toi. Ici, on ne vit pas vieux. Tu as mal choisi ton lieu de vacances.

- Je ne suis pas en vacances, répondit le crabe. Mon chez-moi a été pollué par un bateau pétrolier. J'ai dû partir.

- Alors ! Change de coin ! cria la vague en se retirant.

- Crabazut ! pensa-t-il. C'était pourtant bien ici !