Retour Histoires

en quête d'éditeurs

   

Cheval'dire à ma mère !

 

- extrait -

 

 

 

 

 

 

J'ai fait leur connaissance lorsque j'avais quatre ans et je n'oublierai jamais ce jour-là !...

C'est elle que j'ai vue en premier, grande, brune et, toute de suite, je l'ai aimée. Lui se tenait derrière elle, les épaules carrées, des lunettes, l'air sympa. Un peu plus loin, il y avait un gamin qui faisait semblant de monter à cheval sur un énorme bidon. Je l'ai regardé avec curiosité. Les enfants des hommes se comportent toujours bizarrement ! Mais ce n'était pas lui qui m'attirait. Je me demandais ce que ces gens faisaient là et pourquoi on me les présentait.

Avant eux, j'avais connu quelques aventures plus ou moins agréables, mais ma mémoire est infidèle. C'est tellement loin ! Je vais sur mes dix-neuf ans, ce n'est pas rien.

Je me souviens peu de ma mère, Priola, et n'ai jamais rencontré mon père, Gamin d'Amour. Mais j'avais de bonnes origines et étais le portrait craché de mon arrière-arrière-grand-père, Carioca II, un trotteur célèbre, père de Sabi Pas qui avait lui-même enfanté mon grand-père, Epaminondas. C'est à cause de mon physique que mon naisseur a décidé de ne pas me castrer. Il espérait un crack dans son écurie pour que mes saillies lui apportent encore plus que mes gains en courses.

Hélas, la vie n'est pas si simple et je me suis retrouvé, un jour, aux portes d'un abattoir du Val d'Oise où une drôle de femme a réussi à me récupérer juste avant l'heure fatale où les chevaux sans grand avenir perdent leurs papiers d'identité quelques heures avant d'y laisser aussi la vie.

 

 

 

Cette femme m'a ramené chez elle, dans un coin perdu de forêt, où elle vivait seule avec une meute de dogues allemands et une dizaine de chevaux.

Pourquoi m'avoir récupéré moi, comme d'autres qui passaient par son écurie ? Quand elle avait un peu d'argent et qu'un de ses amis la prévenaient d'arrivées intéressantes dans le sas de la mort, elle prenait son vieux camion un peu déglingué et venait extraire un ou deux chevaux de la fourrière fatale. J'ai eu la chance de tomber sur un jour faste. D'autres du même convoi n'ont jamais revu la lumière.

Je suis resté sa propriété quelques mois, le temps pour elle de m'entraîner en dilettante à Grosbois où un responsable du centre lui a dit que j'avais l'étoffe d'un champion.

- Si vous arrivez à ce qu'il cesse de ne s'intéresser qu'au paysage, a-t-il dit, il pourra devenir excellent. Mais il faudrait parvenir à ce qu'il concentre sur son travail et ce ne sera pas facile.

Fabriquer un champion ne l'intéressait pas. Elle ne pouvait pas driver en professionnel, seulement en amateur, et elle n'a pas trop insisté.

Impossible de savoir si elle sauvait des chevaux par passion ou par instinct. En tout cas, quand les périodes de vache maigre revenaient - cas plutôt fréquent - elle devait trouver des acquéreurs pour les occupants de son écurie dans l'urgence.

 mMireille Mirej, 2004, inachevé.

Juste quelques photos pour vous aider à patienter.

Retour au

Menu principal

 

 ;

 

Retour haut

de page

 

© Copyright 2004-2024 Mireille Mirej Tous droits réservés