Cette
espèce humaine qui s'est, a priori, implantée
la dernière sur la terre, est le prédateur
le plus redoutable de la planète. Et les règles
de vie de ce prédateur-là se caractérisent
par l'absence des processus inhibiteurs propres aux grands fauves.
Comparé à l'homme, le loup est un agneau,
puisqu'il renonce à tuer celui qui se soumet,
ou reconnaît son infériorité et
fait lui-même acte de soumission. En revanche,
l'homme tue l'homme sans vergogne pour le plaisir ou
au nom de "sa" vérité.
Alors
que l'amour prélude presque toujours à
nos enfantements, notre monde donne trop souvent l'impression
que l'espèce est façonnée d'une
argile mauvaise.
Survivre
à cette haine, cette violence, cet appétit
de pouvoir de mes semblables peut se faire en enfonçant
la tête dans le sable ou en enfourchant de grandes
causes. Pour le moment, j'ai choisi les petites causes,
car elles paraissent à mon échelle.
La
plus importante, pour moi, est le travail que je tente
de réaliser auprès d'enfants et d'adolescents
: semer des graines d'envie de lire et d'écrire...
Cela peut paraître bien minuscule par rapport
à ma colère contre les prédations
en tous genres, mais redonner envie de lire et d'écrire
aux adultes de demain n'est pas neutre. En dehors de
l'évidence qui est de leur permettre de rêver
et d'apprendre ou de communiquer "en profondeur",
savoir lire et écrire favorise la résistance
aux manipulations en tous genres. Fuir les évidences
de l'image permet de mieux cerner notre univers, et
les autres.
Et
puis, bien sûr, ce qui me touche, m'enflamme,
me peine est dans mes livres... Il paraît que
mes textes sont trop démonstratifs, et ce serait
une des raisons de ma difficulté à leur
trouver
des éditeurs. Oui ! La colère et la perméabilité
à la souffrance du monde rendent démonstratif.
Difficile de prendre suffisamment de recul pour écrire
sereinement ce qui vous brûle.
Un
jour, peut-être, j'aurai le temps d'écrire
ici tout ce qui m'indigne et me pousse à résister.
Mais... ne vaut-il mieux pas tenter d'agir plutôt
que de ronchonner ?
Et
si chacun d'entre nous agissait à la toute petite
échelle qui peut être la sienne, le monde
deviendrait déjà tellement meilleur. Qu'en
pensez-vous, vous qui venez de me lire ?
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