Avant, on habitait une maison
très grande dans un immense jardin. Moi, la chienne de la famille, jeune
Briarde noire, j'y étais très heureuse.
Mes maîtres avaient un cheval
aussi noir que moi, un gentil vieux chien et un troupeau de toutes sortes de
volatiles très amusants. Lorsque j'étais bébé, mon jeu préféré était de sortir
de la maison en fusée et de « nettoyer » la pelouse. Les bergers
briards sont des chiens qui aiment rassembler et guider les moutons. Faute de
mouton, je galopais sur un grand cercle et mettais dans l'étang les canards et
les oies qui fuyaient avec de bruyants mouvements d'ailes. C'était à mourir de
rire ! Mais le plus drôle était bien le rangement des paons qui s'envolaient
lourdement en criant « Léon, Léon » d'une voix très forte et se
perchaient dans les arbres en me hurlant des insultes.
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Après, je trottinais au long des
berges pour vérifier que rien ne traînait. Du milieu de l'étang, les jars et
les oies criaillaient méchamment en me regardant, les canes colvert cancanaient
de toute la force de leurs poumons.
Bien contente du résultat, je
filais narguer le cheval enfermé dans son box ou décampais à toute vitesse s'il
était, par malheur, dans son pré. Sam, le vieux chien, jappait d'excitation à
la porte et me remerciait de l'avoir distrait quelques instants.
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