Quand Maman a ouvert la porte de ma chambre, j'ai eu
l'impression de ne pas avoir dormi plus de cinq minutes. Toute la nuit, les
volets avaient grincé sous les assauts de la tempête.
Cela fait trois mois, maintenant, que nous habitons au bord
de la mer, et il n'y a rien à faire : je ne m'habitue pas au vent.
Je me suis retournée en grognant.
Me réveiller à 7 heures un dimanche, quelle plaie ! Je n'en avais rien à
faire, moi, du grand nettoyage de printemps !
Quand on habitait encore à Paris,
mes parents estimaient que j'étais trop petite pour participer à leur corvée.
Alors, j'allais passer le dernier week-end de mars chez une copine ou mes
grand-parents.
À treize ans, il paraît que je
suis passée dans le clan des grands. Ça a des avantages mais aussi de sacrés
inconvénients ! Et, quand je pense que le grand nettoyage de printemps
n'est plus une opération nationale, mais persiste seulement dans certains coins
de France, ce n'est vraiment pas ma chance !
- Adeline, a grondé Maman dix
minutes après : lève-toi ! Tu vas nous mettre en retard.
Je me suis extirpée du lit et
précipitée sur ma fenêtre. Volets ouverts, j'ai dit bonjour à la mer. Grise et
verte sous le ciel laiteux de l'aube, elle promenait un troupeau de moutons
blancs.
La mer n'est jamais semblable.
Après sa fureur nocturne, elle semblait ce matin de bonne humeur : tout le
contraire de moi !
Les grandes flaques laissées par
la marée basse, ces « bâches » des plages du Nord, scintillaient en
dessins mystérieux. Il n'y avait pas un chat sur la plage ni sur la promenade
de bord de mer sauf, bien sûr, Papa qui ramenait Louby, notre berger picard, de
sa promenade du matin.
Papa m'a fait un petit signe, et
Louby a jappé un bref coup en m'apercevant. Ce sont bien les seuls de la
famille qui s'enchantent de notre nouvelle installation. Maman n'aime pas la
mer et moi ? Je l'adore... au soleil... en vacances.
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