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Le grand nettoyage de printemps 

 

- extrait -

Utilisé comme trame pour un roman-photo par des élèves de Poix-du-Nord avec leur professeur documentaliste, en 2011.

 

 

 

 

 

Quand Maman a ouvert la porte de ma chambre, j'ai eu l'impression de ne pas avoir dormi plus de cinq minutes. Toute la nuit, les volets avaient grincé sous les assauts de la tempête.

Cela fait trois mois, maintenant, que nous habitons au bord de la mer, et il n'y a rien à faire : je ne m'habitue pas au vent.

Je me suis retournée en grognant. Me réveiller à 7 heures un dimanche, quelle plaie ! Je n'en avais rien à faire, moi, du grand nettoyage de printemps !

Quand on habitait encore à Paris, mes parents estimaient que j'étais trop petite pour participer à leur corvée. Alors, j'allais passer le dernier week-end de mars chez une copine ou mes grand-parents.

À treize ans, il paraît que je suis passée dans le clan des grands. Ça a des avantages mais aussi de sacrés inconvénients ! Et, quand je pense que le grand nettoyage de printemps n'est plus une opération nationale, mais persiste seulement dans certains coins de France, ce n'est vraiment pas ma chance !

- Adeline, a grondé Maman dix minutes après : lève-toi ! Tu vas nous mettre en retard.

Je me suis extirpée du lit et précipitée sur ma fenêtre. Volets ouverts, j'ai dit bonjour à la mer. Grise et verte sous le ciel laiteux de l'aube, elle promenait un troupeau de moutons blancs.

   La mer n'est jamais semblable. Après sa fureur nocturne, elle semblait ce matin de bonne humeur : tout le contraire de moi !

Les grandes flaques laissées par la marée basse, ces « bâches » des plages du Nord, scintillaient en dessins mystérieux. Il n'y avait pas un chat sur la plage ni sur la promenade de bord de mer sauf, bien sûr, Papa qui ramenait Louby, notre berger picard, de sa promenade du matin.

Papa m'a fait un petit signe, et Louby a jappé un bref coup en m'apercevant. Ce sont bien les seuls de la famille qui s'enchantent de notre nouvelle installation. Maman n'aime pas la mer et moi ? Je l'adore... au soleil... en vacances.

 

 

 

 

 C'est l'été dernier d'ailleurs que tout s'est décidé. Nous avions passé quinze jours merveilleux dans un appartement loué dans cet immeuble neuf construit tout près de la plage.

Lorsque nous sommes rentrés à la maison, la lettre de licenciement de Papa nous attendait. Papa avait noué tant de bons contacts avec les gens de Stella Plage, qu'il n'a fait ni une ni deux pour décider Maman.

Une semaine après, notre appartement parisien était en vente, Maman demandait sa mutation pour l'hôpital de Berck - elle est infirmière - et Papa trouvait du travail dans une agence immobilière ici-même.

À Noël, nos cartons étaient bouclés, appartement vendu et duplex acheté au cinquième étage de l'immeuble que j'avais adoré. l'été !

Ma mutation à moi s'est faite au collège du Touquet. C'est dur !

Dur de changer d'école en cours d'année.

Dur de quitter les amis.

Dur d'en trouver d'autres lorsqu'on se fait appeler « la Parisienne ».

Dur de chercher comment s'occuper dans un endroit qui ne vit que l'été.

Dur, dur, dur !

 mMireille Mirej, 1999.

Juste quelques photos pour vous aider à patienter.

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