J'étais en train d'étendre le linge en râlant :

- Ouais, j'en ai assez. Pourquoi c'est toujours moi qui dois étendre le linge. C'est vraiment pas juste...   quand une boule de poils marron et noir, soyeuse et douce a atterri dans mes pieds. De la boule sont sorties quatre grosses pattes, deux oreilles souples, des yeux brillants et une langue rose qui s'est mise à me lécher les mollets, puis les genoux, les mains et le nez au fur et à mesure que je me baissais pour la caresser.

- Papa, Maman, venez vite ! Il y a un bébé chien dans le jardin.

Maman est apparue la première sur le seuil de la salle à manger :

- N'y touche pas, Laura ! Il a peut-être des puces.

Papa n'a pas tardé à nous rejoindre :

- Ouah ! Quel amour ! Qu'il est beau et doux, câlin. Et ses yeux ! Vous avez vu ses yeux ? Quelle intelligence !

- Ne commencez pas à rêver tous les deux, a dit Maman. Ce chien a un collier. Il doit être à quelqu'un.

- Un collier et un truc anti-puces mais pas de tatouage, a repris Papa, ni dans l'oreille, ni sur la cuisse.

Le chiot se laissait manipuler par Papa en continuant à se servir de sa langue rose pour nous dire sa tendresse, sa joie d'être si bien reçu dans notre jardin.

- Il est vraiment beau, a admis Maman, rassurée par le collier anti-puces, en se mettant à le caresser à son tour. Poil luisant, un peu maigre, peut-être.

- On pourrait lui donner à manger, ai-je proposé.- Je m'en occupe... pendant que ton père se renseigne pour retrouver ses maîtres.

J'ai croisé les doigts dans mon dos. Depuis le temps que j'avais envie d'un chien, j'espérais bien qu'on ne leur mettrait jamais la main dessus à ceux-là. Mais j'ai pris mon air le plus aimable :

- D'accord Maman, ils seraient trop malheureux de perdre un chiot aussi beau et gentil.

J'avais mal aux doigts à force de les serrer l'un contre l'autre.