Histoire
d'une histoire
et
si je vous disais
tout...
J'ai
choisi récemment
de signer en 2005 avec Publibook
pour que naisse
enfin La Jument
de Lune, car un
enfant de papier
ne peut vivre éternellement
dans un tiroir.
Cette jument n'est
pas anodine. Elle
est le deuxième
roman jeunesse que
j'ai écrit,
le deuxième
roman que j'ai fini
et ce,
juste après
Un cheval de
prix. C'était
en 1990. En fait,
tout a même
commencé
bien plus tôt.
Aurai-je le courage
de l'avouer ? J'ai
écrit le
premier chapitre
aux environs de
1978 dans l'appartement
que j'ai occupé
à L'Isle-Adam
sous les toits d'une
maison bourgeoise
lorsque j'étais
étudiante
et croyais avoir
gagné le
droit à la
liberté.
Imprégnée
de ce quartier où
le hasard m'a fait
revenir bien plus
tard, c'est à
cette époque
que j'ai imaginé
Irusz. Des années
après, désireuse
de créer
un texte pour qu'une
plasticienne des
plus chères,
ma propre soeur,
en dessine la couverture,
j'ai rêvé
- au sens propre
- le chapitre de
la rencontre entre
Viviane, Lucile
et Simon. Lorsque
je me croyais déjà
écrivain,
juste après
la parution d'Un
cheval de prix,
j'ai lié
ces deux mondes
dans un même
roman. Le titre
s'est imposé
à moi avant
même la réunion
des deux histoires.
Certains ont trouvé
dans L'Isle-Adam
les maisons d'Irusz
et de Viviane et
m'ont ensuite convaincue
que cela se passait
dans ces endroits
précis. Mon
imagination s'était
contentée
d'un quartier cossu
et secret : ces
mondes clos qui
abritent parfois
les pires drames
sous une apparence
de bon aloi.
Quand
j'ai envoyé
la version initiale
de La Jument à
Flammarion, j'étais
persuadée
que mon "contrat
de fidélité"
m'assurerait sa
publication immédiate.
Profitant de quelques
mois de répit
dans une vie à
rebonds,
j'avais ciselé
ce texte, l'avait
construit comme
je ne l'ai plus
jamais fait depuis.
Cinq mois plus tard,
lorsque nous devions
repartir à
l'assaut d'une nouvelle
vie, j'ai reçu
la plus cruelle
réponse négative
de ma vie. Cela
ne blessait aucunement
mon "petit
moi intime",
mais sonna le glas
de mes espoirs d'une
vraie existence
d'écrivain,
nouvelle perte de
la liberté
supposée.
Je savais qu'il
me fallait éditer
une dizaine de livres
jeunesse pour commencer
à vivre de
mes droits. En l'absence
de publication,
il me fallait replonger
dans un métier
honni.
Je
n'ai pu retoucher
cette jument, faute
de temps, mais je
l'ai envoyée
dans l'état
à d'autres
éditeurs
qui la trouvaient
intéressante
et bien écrite,
mais "ne pouvaient
l'insérer
dans leurs collections
existantes".
Les années
ont passé,
certains passages
de La Jument sont
devenus obsolètes,
et je me sentais
incapable de toucher
ce roman si important
pour moi. Dactylographiée
grâce à
un logiciel devenu
inutilisable, j'étais
même censée
la retaper intégralement,
ce qui me parut
impossible. C'est
là qu'est
intervenue "la
fée Brigitte
A." qui l'a
entièrement
retapée à
ma place. Grâce
à cette nouvelle
version et à
sa foi en ce texte,
j'ai ensuite réussi
à effectuer
les modifications
rendues indispensables
par un décalage
supérieur
à une décennie.
Puis,
le petit ballet
des envois aux éditeurs
a repris, et les
réponses
n'ont pas varié
: "Intéressant,
mais..." Est-ce
un livre pour adultes
ou pour adolescents
? Qu'importe ! Jadis,
il n'existait pas
de littérature
de l'entre-deux.
Malgré
quelques déménagements
et péripéties,
les différentes
parties puis corrections
de La Jument de
Lune ont toutes
été
réalisées
sous les ombrages
de L'Isle-Adam,
une ville que j'aime et
exècre à
la fois pour des
raisons qui ne peuvent
qu'être miennes.
Parfois,
les mondes clos
se fissurent et
les drames éclatent
au grand jour. Parfois,
les rescapés
de l'horreur ont
la chance de survivre,
revivre, puis vivre
tout simplement...
Faute
d'avoir été
suivie par un des
nombreux éditeurs
contactés
en quinze ans, j'ai
décidé de confier
La Jument de Lune
à Publibook.
Finalement, c'est
Laka, peintre et
cavalière, qui en a
dessiné
la couverture.
Merci au
"noyau dur"
qui m'a aidée à
assumer mon choix.
Mirej, mai 2005
Quatorze
ans plus tard, ayant
proposé plusieurs
de mes romans à
un vrai éditeur,
même si petit,
celui-ci a choisi
cette Jument
de Lune. Il
me faut seulement
en réécrire
quelques passages,
ce qui ne devrait
pas tarder à
être fait...
Suite
des péripéties...
Durant
l'été
2019, alors que
j'avais laissé
ma voiture à
ma fille, partie
quelques jours dans
le vrai Pré
du Plain, j'allais
chaque jour nourrir
nos chevaux à
pied, de Parmain
à L'Isle-Adam.
Passant dans les
avenues brûlantes
et désertes
du "Parc"
adamois, j'ai eu
l'étrange
sensation de revivre
toujours la même
histoire au moment
même où
je me lançais
dans la réécriture
de certains passages
de ce roman, dont
j'ai rédigé
le tout premier
chapitre durant
ma première
année de
fac, si longtemps
auparavant, dans
ce même quartier... Etrange
destin pour ce roman
qui paraît
début mars
2020, en pleine
pandémie
de covid-19, alors
que tous les salons
sont annulés,
et même les
envois du livre
par la Poste s'avèrent
compliqués...
Puisse
cette Jument de
Lune trouver enfin
son public !...
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