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La Jument de Lune

Génial, ce livre a enfin trouvé un vrai éditeur !

Histoire d'une histoire...

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La Jument de Lune

 

- extrait -

 

 

 

    Séparées par un canevas régulier d'avenues, les propriétés cossues du quartier dressent fièrement toits pointus, clochetons et tourelles derrière de hauts murs moussus.

    Sous la voûte profonde des porches ou les chevelures d'arbres centenaires, l'ombre semble accueillante mais, au dehors, s'étendent des chaussées étrangères et vides, miroirs aveuglants de soleil prisonnier.

    Pas un souffle de vent ne vient friser les feuillages, pas un pépiement d'oiseau ne trouble le calme. Pas un cri d'enfant, pas un aboi ne résonne dans la torpeur de cet après-midi d'août.

    La ville repose alanguie.

 

Découvrez ce qui a changé par rapport à cet extrait, en achetant la nouvelle version de "La Jument de Lune" - parution mars 2020

 

 

    Soudain, un cliquetis métallique naît à l'angle d'une rue. Se répercutant d'un mur à l'autre, il emplit l'avenue de vacarme, avant que n'apparaisse un couple cheval cavalier, mirage tremblant dans la chaleur immobile. La silhouette se rapproche, grandit pour aussitôt décroître puis disparaître au coin d'une autre rue.

    Le rythme à quatre temps, après avoir saturé l'espace, s'estompe et forme un accompagnement à la vie qui s'éveille, comme si ce passage marquait la fin de l'assoupissement général.

    Tel un orchestre qui s'accorde, des bruits s'enchaînent, liant en une masse sonore ces différents univers isolés : portes claquées, grilles grinçantes, voix s'interpellant, éclats de rires, courses effrénées.

 Mireille Mirej, 1990.

 

Histoire d'une histoire

et si je vous disais tout...

J'ai choisi récemment de signer en 2005 avec Publibook pour que naisse enfin La Jument de Lune, car un enfant de papier ne peut vivre éternellement dans un tiroir. Cette jument n'est pas anodine. Elle est le deuxième roman jeunesse que j'ai écrit, le deuxième roman que j'ai fini et ce, juste après Un cheval de prix. C'était en 1990. En fait, tout a même commencé bien plus tôt. Aurai-je le courage de l'avouer ? J'ai écrit le premier chapitre aux environs de 1978 dans l'appartement que j'ai occupé à L'Isle-Adam sous les toits d'une maison bourgeoise lorsque j'étais étudiante et croyais avoir gagné le droit à la liberté.

Imprégnée de ce quartier où le hasard m'a fait revenir bien plus tard, c'est à cette époque que j'ai imaginé Irusz. Des années après, désireuse de créer un texte pour qu'une plasticienne des plus chères, ma propre soeur, en dessine la couverture, j'ai rêvé - au sens propre - le chapitre de la rencontre entre Viviane, Lucile et Simon. Lorsque je me croyais déjà écrivain, juste après la parution d'Un cheval de prix, j'ai lié ces deux mondes dans un même roman. Le titre s'est imposé à moi avant même la réunion des deux histoires. Certains ont trouvé dans L'Isle-Adam les maisons d'Irusz et de Viviane et m'ont ensuite convaincue que cela se passait dans ces endroits précis. Mon imagination s'était contentée d'un quartier cossu et secret :  ces mondes clos qui abritent parfois les pires drames sous une apparence de bon aloi.

Quand j'ai envoyé la version initiale de La Jument à Flammarion, j'étais persuadée que mon "contrat de fidélité" m'assurerait sa publication immédiate. Profitant de quelques mois de répit dans une vie à rebonds, j'avais ciselé ce texte, l'avait construit comme je ne l'ai plus jamais fait depuis. Cinq mois plus tard, lorsque nous devions repartir à l'assaut d'une nouvelle vie, j'ai reçu la plus cruelle réponse négative de ma vie. Cela ne blessait aucunement mon "petit moi intime", mais sonna le glas de mes espoirs d'une vraie existence d'écrivain, nouvelle perte de la liberté supposée. Je savais qu'il me fallait éditer une dizaine de livres jeunesse pour commencer à vivre de mes droits. En l'absence de publication, il me fallait replonger dans un métier honni.

Je n'ai pu retoucher cette jument, faute de temps, mais je l'ai envoyée dans l'état à d'autres éditeurs qui la trouvaient intéressante et bien écrite, mais "ne pouvaient l'insérer dans leurs collections existantes". Les années ont passé, certains passages de La Jument sont devenus obsolètes, et je me sentais incapable de toucher ce roman si important pour moi. Dactylographiée grâce à un logiciel devenu inutilisable, j'étais même censée la retaper intégralement, ce qui me parut impossible. C'est là qu'est intervenue "la fée Brigitte A." qui l'a entièrement retapée à ma place. Grâce à cette nouvelle version et à sa foi en ce texte, j'ai ensuite réussi à effectuer les modifications rendues indispensables par un décalage supérieur à une décennie.

Puis, le petit ballet des envois aux éditeurs a repris, et les réponses n'ont pas varié : "Intéressant, mais..." Est-ce un livre pour adultes ou pour adolescents ? Qu'importe ! Jadis, il n'existait pas de littérature de l'entre-deux.

Malgré quelques déménagements et péripéties, les différentes parties puis corrections de La Jument de Lune ont toutes été réalisées sous les ombrages de L'Isle-Adam, une ville que j'aime et exècre à la fois pour des raisons qui ne peuvent qu'être miennes.

Parfois, les mondes clos se fissurent et les drames éclatent au grand jour. Parfois, les rescapés de l'horreur ont la chance de survivre, revivre, puis vivre tout simplement...

Faute d'avoir été suivie par un des nombreux éditeurs contactés en quinze ans, j'ai décidé de confier La Jument de Lune à Publibook. Finalement, c'est Laka, peintre et cavalière, qui en a dessiné la couverture.

Merci au "noyau dur" qui m'a aidée à assumer mon  choix.

Mirej, mai 2005

 

Quatorze ans plus tard, ayant proposé plusieurs de mes romans à un vrai éditeur, même si petit, celui-ci a choisi cette Jument de Lune. Il me faut seulement en réécrire quelques passages, ce qui ne devrait pas tarder à être fait...

Suite des péripéties...

Durant l'été 2019, alors que j'avais laissé ma voiture à ma fille, partie quelques jours dans le vrai Pré du Plain, j'allais chaque jour nourrir nos chevaux à pied, de Parmain à L'Isle-Adam. Passant dans les avenues brûlantes et désertes du "Parc" adamois, j'ai eu l'étrange sensation de revivre toujours la même histoire au moment même où je me lançais dans la réécriture de certains passages de ce roman, dont j'ai rédigé le tout premier chapitre durant ma première année de fac, si longtemps auparavant, dans ce même quartier... Etrange destin pour ce roman qui paraît début mars 2020, en pleine pandémie de covid-19, alors que tous les salons sont annulés, et même les envois du livre par la Poste s'avèrent compliqués...

Puisse cette Jument de Lune trouver enfin son public !...

 

 

 

 

 

Couverture de la version Publibook illustrée par Laka

 

Couverture de la version EnvolEmoi

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