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Imper et manque

 

- extrait -

 

 

 

 

    La première chose que je vis, en entrant dans la salle comble, fut son imper. Il s'agissait d'un vêtement de bonne coupe, de couleur mastic. Cela sentait le faiseur de grand luxe jusque dans la moindre surpiqûre.

    L'homme qui portait cet imperméable élégant me tournait le dos. Bien que mêlé aux nombreux invités du vernissage, sa silhouette s'en détachait. Il possédait une carrure agréable, de celles qui laissent deviner un torse bâti en triangle harmonieux. Au-dessus du col confortable, sa nuque émergeait, droite, solide, dépourvue de ce défaut commun à tant d'hommes, un aspect massif, trapu. J'accorde beaucoup d'importance à la nuque des individus de sexe mâle. C'est un de mes premiers repères. L'homme à l'imperméable me l'offrait impudiquement à contempler et je la savourai.

    La nuque des femmes ne trahit pas leur tempérament. D'ailleurs, elle est trop souvent dissimulée par une masse chevelue pour qu'on puisse y lire quoi que ce soit d'intéressant sur leur propriétaire. Chez l'homme, elle dénonce bestialité ou raffinement. Celle-ci me sembla fort plaisante. Glabre en sa base, elle ne laissait apparaître qu'un fin duvet mordoré, naturel, et non fruit d'une repousse engagée suite à un rasage de circonstance. Succédait à ce friselis tentant, un v bien symétrique, s'évasant en mèches soyeuses qui habillaient un crâne, dont l'ovale distingué se différenciait autant de l'arrondi commun que du pain de sucre risible.

    Un balayage vers le bas de l'imper dévoila deux jambes de pantalon chutant souplement sur des talons de cuir aussi soignés que l'ensemble du personnage.

 

 Mireille Mirej, 2000

Juste quelques photos pour vous aider à patienter.

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