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Les chevaux d'Halloween

 

- extrait -

  

Paru au Pré du Plain en juin 2005

www.lepreduplain.com

  

 

 

Á chaque vacances scolaires, nous passons une semaine à la campagne et, l'été, une quinzaine de jours. En général, nous partons à trois : Maman, mon frère, Sylvain, qui a 16 ans, et moi, Caroline, qui en ai 9. Parfois nous emmenons un copain, Arthur, qui a 11 ans. Papa ne vient pas : il n'a pas autant de congés que nous !

J'adore la campagne de Haute-Saône, car notre famille est originaire de là. La maison existe depuis 1793 et elle est pleine de souvenirs. J'aime bien y venir aussi parce que la nature est belle et que j'y vois toutes sortes d'animaux que nous n'avons pas en région parisienne : des vaches, des moutons, parfois des ânes, des poules, des lapins, des daims dans un parc, des chevreuils, le soir, à l'orée des bois et des oiseaux rares : cygnes sauvages, hérons cendrés, martins-pêcheurs... Mais, ce que je déteste, c'est être privée de chevaux pendant une semaine.

Partir signifie que je ne peux pas aller au poney-club et nous n'emmenons que nos chiennes en vacances. Nous n'avons pas la possibilité de transporter notre cheval. Le verger n'est pas clôturé et nous n'avons pas les moyens d'acheter un van tracté. Alors, cela me manque et je rêve de trouver des chevaux à caresser tout près de la maison.

Dans le village, il y a une fille qui possède un poney et un cheval, mais c'est une vraie frimeuse. Elle regarde les « Parisiens » du coin de l'oil et se moque de nous. Elle s'appelle Suzy et elle doit avoir à peu près quatorze ans. Quand mon frère était petit - j'étais encore un bébé ! - elle lui a fait subir tellement de méchancetés qu'il la déteste et a toujours voulu se venger des humiliations dont elle a été responsable.

 

 

 

Moi, je ne connais pas toutes leurs histoires et cela ne m'intéresse pas ! La première fois que je suis venue en vacances avec Arthur, Suzy venait juste d'avoir son cheval. Avant, je ne savais même pas qu'elle existait ! Nous nous sommes connus, Arthur et moi, au poney-club,  et nous sommes aussi fous de chevaux l'un que l'autre. Imaginez notre tête lorsque nous avons vu passer dans la rue cette fille montée sur sa grande jument alezane, suivie d'un garçon de mon âge perché sur le Shetland qu'elle montait avant. Nous nous sommes mis à baver d'envie à en avoir la langue qui traînait par terre.

Sylvain nous a dit :

- Ne vous occupez pas de cette fille, c'est la dernière des dernières.

Mais nous n'avons pas écouté, et nous nous sommes précipités dehors pour voir où les deux cavaliers allaient comme ça.

Ils ont pris un sentier juste après notre maison et sont descendus s'entraîner dans un pré qui touche le bas de notre verger.

Evidemment, deux minutes après, nous étions perchés sur d'énormes ballots de foin et les regardions, la bouche grande ouverte du désir de partager les chevaux avec eux.

Sylvain avait raison : Suzy n'avait pas l'air très sympathique. Elle trottait et galopait avec le garçon en semblant nous ignorer complètement et, de temps en temps, elle s'arrêtait près de lui pour lui raconter des trucs à voix basse. Cela ne devait pas être très gentil, car il nous fixait du coin de l'oil et ricanait bêtement.

 Mireille Mirej, texte original, 2003.

 

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