Je me voyais voyageur Je ne fus que voyeur Des voyages des autres Le corps immobile Mais les doigts volubiles Sur le clavier de l'ordinateur
Voyez, voyeurs, voyez les voyageurs Ils vont et viennent Se donnent bien de la peine Au sud, au nord A l'est et même à l'ouest Ils vont et viennent Me quittent et puis reviennent
A défaut de partir J'ai voulu me nourrir Des voyages des autres J'ai écouté, humé, palpé J'ai vu, entendu, beaucoup lu J'ai capté dans leurs yeux Des étoiles d'ailleurs J'ai fait moisson d'odeurs Gardé d'eux le meilleur J'les ai dépossédés Et j'ai tout raconté De leurs vies, de leurs voeux Des lumières d'autres cieux De ce qui est en eux
Je me voyais voyageur Je ne fus que voyeur Des voyages des autres Le corps immobile Mais les doigts volubiles Sur le clavier de l'ordinateur
Voyez, voyeurs, voyez les voyageurs Ils vont et viennent Ils ont bien de la veine Lui est allé à New York, Hong Kong et Bali Elle, à Bangkok, Saïgon, Tripoli Moi, j'me suis contentée de Mélicoq, Bezons et Paris
Voyages intérieurs Et non pays d'ailleurs Je me suis raisonné Jamais j'n'ai voyagé Un jour j'ai compris Que je n'avais plus besoin D'aller bien loin Car les plus beaux voyages Peuvent se faire j'm'y engage Dans nos paysages intérieurs
N'empêche... Je me voyais voyageur Je ne fus que voyeur Des voyages des autres Le corps immobile Mais les doigts volubiles Sur le clavier de l'ordinateur Il m'en reste une petite aigreur !
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